C’est possible, un gazon permacole ?

3 conseils pour une tonte raisonnée.

 

Par définition, le gazon uniforme qui recouvre quasiment la totalité du terrain n’est pas vraiment permacole (question diversité, on repassera)… Toutefois, certains apprécient son côté esthétique et ordonné, notamment à l’avant des maisons et dans les zones ornementales du jardin. 

Si c’est votre cas, sachez que vous pouvez adopter quelques bonnes pratiques afin de tondre en étant plus respectueux de l’environnement.

 

🌿Conseil n° 1 : TOUJOURS conserver une zone « refuge de la biodiversité » dans son jardin

 

C’est un fondamental en permaculture : avoir une zone sauvage dans laquelle on laisse la nature s’exprimer librement, véritable temple de la biodiversité où les populations d’insectes trouvent refuge et nourriture en abondance.

Cette zone n’a pas besoin d’être très grande mais toute tonte ou taille non nécessaire y est proscrite !

Le plus souvent, elle est située au fond du jardin car c’est un endroit où on ne met jamais les pieds, ou presque. C’est un peu comme votre propre micro réserve naturelle : elle doit être préservée le plus possible de toute activité et de toute présence humaine.

 

Les vivaces et plantes locales font le bonheur  des pollinisateurs dans cette partie du jardin

 

🌿Conseil n°2 : ne pas tondre autour des jeunes arbres et des arbustes

 

Si vous vous approchez trop près de leurs pieds, vous risquez de découper des racines sans même vous en apercevoir.

Et là c’est le drame, car une coupure, surtout pour les jeunes arbres et arbustes, c’est la porte d’entrée pour tous les agents pathogènes et les champignons ! Sans compter que vous risqueriez d’abîmer votre tondeuse, qui n’est pas faite pour découper des racines.

Par précaution, mieux vaut donc laisser un diamètre de sécurité d’une cinquantaine de centimètres autour des pieds pour éviter les blessures accidentelles.

Il est également possible de couper votre gazon à la main sur cette zone, en utilisant une cisaille. Mais personnellement, je préfère laisser les brins d’herbe y pousser librement : ils forment ainsi de belles chaussettes vertes à leurs pieds qui les protégeront contre le froid !

 

🌿Conseil n°3 : créer un système de rotation sur votre pelouse

Cette astuce, je l’ai adoptée après avoir visité un verger permacole dans lequel elle était mise en place.
Commencez par définir quatre zones sur votre pelouse. Puis, pendant la période de tonte, passez la tondeuse sur une seule de ces zones la première semaine, puis sur une autre la seconde, et ainsi de suite.

 

Diviser sa pelouse peut même avoir un effet esthétique !

 

De cette façon, les pollinisateurs ne se retrouvent jamais face à un gazon complètement coupé à ras (l’équivalent d’un immense désert pour eux, car dépourvu presque entièrement de fleurs) et ils voyageront simplement de bande en bande pour se nourrir.

Et si vous avez un grand jardin, vous ne vous épuiserez pas à la tâche en tondant toute la surface de votre gazon au même moment ! 😉

 

Et que penser de l’éco-pâturage ?

 

Si vous avez un grand jardin, vous y avez peut-être déjà songé.

L’éco-pâturage consiste à louer à la journée (ou pour quelques semaines) des moutons, des lapins, des chèvres ou même des chevaux qui vont venir brouter l’herbe dans votre jardin. [1]

 

C’est une alternative qui présente de nombreux avantages :

 

  • Les éleveurs étant toujours à la recherche de terrains supplémentaires pour leurs animaux, ils seront plus que ravis de vous les laisser à vos bons soins quelque temps pour une somme dérisoire. Certains pourraient même vous les louer gratuitement !

 

  • Il n’y a évidemment pas plus écologique ! Seul le transport des bêtes de leur ferme à votre terrain entraîne une certaine forme de pollution (qui est relativement limitée si vous vous adressez à un éleveur proche de chez vous).[1]

 

  • C’est le top pour « préparer » le terrain de votre potager ! Non seulement leurs excréments vont augmenter la fertilité du sol, mais les animaux ont un poids, une façon de marcher, de brouter, et une salive particulière qui interagissent positivement avec le jardin. Des études scientifiques suggèrent ainsi que leur présence dans un système de rotation en agriculture biologique stimule la croissance des cultures suivantes. [1]

 

  • Enfin, les enfants et petits-enfants les adorent ! Ils seront plus que ravis d’accueillir des animaux dans leur jardin et de pouvoir les observer au quotidien.

 

Vous l’aurez compris, accueillir des herbivores au jardin peut être une solution très intéressante pour remplacer votre tondeuse traditionnelle. Néanmoins, ce n’est PAS magique.

Si vous souhaitez vous lancer, gardez à l’esprit que ce sont bien des animaux et non pas des tondeuses organiques !

 

Concrètement, cela signifie que :

 

  • Toute une zone de votre jardin deviendra un « terrain miné » par les excréments. Vous ne pourrez donc plus profiter de cet espace (ou en tout cas, plus de la même façon) avant qu’ils ne se soient décomposés, ce qui prendra sans doute quelques mois. [2]

 

  • Votre gazon ne sera pas parfaitement droit. Encore une fois, les animaux ne sont pas des robots : ils broutent par-ci, par-là, délaissent les plantes qui ne sont pas à leur goût et ne songent certainement pas à égaliser votre pelouse. Si vous êtes un adepte du gazon sans le moindre défaut, louer un animal n’est peut-être pas fait pour vous.

 

  • Dans la même idée, les herbivores ne font pas la distinction entre le gazon et vos plantes potagères ou vos arbustes. Ou plutôt, ils la font… Et ont une fâcheuse tendance à préférer les plantes qu’ils ne doivent pas manger ! Il faudra donc penser à clôturer l’espace dans lequel ils peuvent brouter si vous ne voulez pas les voir grignoter vos légumes préférés.

 

  • Vous aurez une responsabilité envers ces animaux et leur propriétaire. Vous n’aurez évidemment pas besoin de les nourrir (ils auront sans doute tout ce qu’il leur faut sur place), mais cela ne vous empêchera pas de devoir être vigilant. Si l’un d’entre eux s’échappe, n’a pas l’air en grande forme ou si vous vous rendez compte qu’ils n’ont plus rien à se mettre sous la dent plus vite que prévu, ce sera à vous d’avertir l’éleveur. Il est donc préférable de se montrer un minimum disponible pendant la période où vous accueillez ces animaux chez vous. [2]

 

Voilà pourquoi, malgré ses très nombreux avantages, je ne conseille l’éco-pâturage qu’à des jardiniers avertis, qui ont conscience de ce que la présence de ces animaux implique et qui apprécient d’avoir un terrain plus proche de la prairie que de la pelouse lisse et sans défaut.

 

🌿Conseil bonus : apprenez à apprécier l’imperfection naturelle.

 

Si vous suivez mes conseils alors oui, il y a de grandes chances pour que de petites fleurs sauvages ou des trèfles viennent s’installer sur votre pelouse. Votre gazon ne sera pas uniforme, surtout pas en termes de hauteur.

Pour un perfectionniste (ou un paysagiste formé dans la longue tradition du jardin à la française), il y a de quoi être un peu frustré, je comprends.

Voilà pourquoi je vous conseille avant tout de remettre en question votre idéal, et de redéfinir ce que vous considérez comme « beau ».

Votre jardin n’a pas besoin de ressembler aux parcs de Versailles pour être réussi et entretenu. Il y a aussi une certaine forme de beauté dans les herbes folles, dans les fleurs des champs et dans toutes ces petits invités surprises qui vont s’installer au milieu de votre gazon.

Alors, pour garder l’esprit serein, réapprenez à vous émerveiller devant ces cadeaux de la nature et à les apprécier pour les bienfaits qu’ils vous apportent (à vous, et aux pollinisateurs).

 

Il est temps de prendre soin de vous,

 

Florence

Saine Abondance

 

Sources :

[1]« Qu’est-ce que l’éco-pâturage ? Définition, avantages et bonnes pratiques », La Ferme bleue.

[2]« Eco-pâturage à la maison : précautions, avantages et inconvénients », Ouest France.

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